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Hello les psycho-potes !

Aujourd’hui nous allons aborder une notion essentielle ET pratique ! En fait, elle est plus qu’essentielle, elle est  indispensable. S’il y a peut-être une chose à connaître et à saisir au mieux dans le cursus de psychologie (clinique notamment), c’est l’entretien clinique.

C’est à partir de cet entretien que se construisent les hypothèses de diagnostics psychologiques, les prises en charges à venir, ou tout simplement la suite d’une consultation. Un rendez-vous avec un patient peut se passer d’évaluations standardisées, d’échelles ou de questionnaires, mais certainement pas d’un entretien clinique. En gros c’est tout bonnement l’outil n°1 dont nous disposons !

Ici nous verrons brièvement en quoi il consiste, pourquoi il est si important, et comment il s’organise. Cet article n’a rien d’exhaustif car un entretien ça peut être très riche !

 

L’ENTRETIEN CLINIQUE : UN ENTRETIEN COMME LES AUTRES ?

Parallèle avec l’entretien de recrutement

De façon très simple, vous tous chers lecteurs (du moins je l’espère) avez déjà été en entretien. Que ce soit pour trouver un stage, du travail, pour être admis dans une formation (de Master par exemple) et j’en passe.

Une fois accueillie, la personne qui vous auditionne se présente (en temps normal mais je ne doute pas qu’il puisse y avoir des loupés…) après quoi c’est à vous de vous présenter, et là débutent les banalités où vous recrachez votre CV. Ça peut paraître débile dit comme ça mais avec les années je trouve que ce n’est pas si mal (avec le temps j’ai de plus en plus l’impression que les recruteurs quels qu’ils soient ne s’emmerdent même pas à lire un CV donc autant leur faire des piqûres de rappel). Je divague…

Après votre présentation, votre auditoire vous questionne sur votre parcours, pour avoir davantage de détails sur ce que vous savez et savez faire, sur vos motivations, vos projets, vos objectifs, sur le pourquoi de cette candidature tout simplement.

Grossièrement un entretien clinique peut s’en rapprocher (si ça peut vous aider à vous représenter la chose). Le patient est accueilli par le clinicien, qui se présente, et là commence l’ « interrogatoire » au travers duquel le clinicien cherche à comprendre le pourquoi de la venue du patient, qu’est-ce qui peut lui poser problème ? Quelle est l’étendue de ce problème ? Comment cela se manifeste ? Comment le patient en est arrivé là etc… Les questions sont multiples et quasi infinies si on y réfléchit bien.

Attention à une chose : l’entretien clinique n’est pas la marque de fabrique du psychologue. Les médecins, les infirmières, les orthophonistes, et j’en passe, font aussi des entretiens cliniques qui sont orientés et construits selon la spécialité de chacun. Toutefois, les entretiens ne sont pas indépendants les uns des autres, ils se recouvrent partiellement et permettent ainsi de pouvoir réorienter le patient lorsque les difficultés sortent du cadre de nos compétences.

 

LES DIFFÉRENTS TYPES D’ENTRETIEN CLINIQUE

On distingue trois grands types d’entretiens :

  • L’entretien directif : ici, l’entretien est très fortement dirigé et « contrôlé » par le clinicien, il pose les questions et le patient répond. Selon les réponses, le clinicien oriente son questionnement.
  • L’entretien semi-directif : cette fois, l’entretien n’est pas seulement dirigé par les questionnements du clinicien, mais aussi par les verbalisations produites par le patient. L’espace est moins strict et plus ouvert aux divagations, qui permettent aux patients de sortir un peu du cadre des questions posées pour aborder des éléments qui lui semblent importants. C’est aussi possible en entretien directif, mais ça reste tout de même moins propice. De mon impression personnelle, c’est probablement le type d’entretien le plus utilisé.
  • L’entretien non directif : alors là on oublie les questions, presque totalement, le patient raconte son histoire, avec très peu ou pas d’interruption. Vous avez surement tous l’image du psy qui écoute et qui ne déballe pas un mot ? Ben c’est ça… Notamment, c’est le genre de méthode que l’on peut retrouver en psychanalyse. L’avantage de cet entretien est de laisser libre cours à la pensée du patient. Ainsi tout est fonction de l’organisation que le patient donne à son histoire.
[Je parle beaucoup de patients… Certains n’aiment pas ça et préfèrent le terme de « Résidents » ou même de « Stagiaires », pour mettre en avant le côté acteur de l’individu dans sa prise en charge et ôter l’aspect passif de la personne qui se laisse prendre en charge sans implication particulière.

Pour moi, ce n’est qu’une attribution de sens assez personnelle que l’on offre aux mots. Aujourd’hui, je pense que l’on a beaucoup trop tendance à modifier les mots pour les rendre moins péjoratifs, ou juste pour marquer une indépendance entre une caractéristique et la personne qui la porte. Par exemple, certain(e)s ne parlent plus d’ « handicapés » mais de « personnes atteintes/souffrants de handicap ». Pourquoi pas, tant que ça ne mène pas à passer de « psychologue » à « personne étudiant/pratiquant la psychologie ». Si tant est que la psychologie se pratique réellement mais c’est un autre débat possible 😉]

La durée

Mais revenons à nos moutons. Pour ceux qui se poseraient la question, il n’y a pas de limite de temps pour un entretien clinique. Selon les spécialités, les professionnels et les patients, ça peut ne prendre qu’une partie plus ou moins importante de la consultation, voire toute la consultation.

Par exemple certain(e)s psychologues clinicien(ne)s utilisent la première consultation pour réaliser un entretien clinique complet qui permettra d’orienter aux mieux leurs évaluations lors de la 2nde consultation. Cette option n’est cependant pas toujours possible, notamment en hôpital où certaines consultations sont des one-shot, notamment en neuropsychologie.

 

LES OBJECTIFS DE L’ENTRETIEN CLINIQUE

Débuter un entretien

Maintenant, c’est bien joli tout ça, mais concrètement on fait quoi ? On lui dit quoi à notre patient ? Eh bien on fouille un peu son vécu plus ou moins lointain pour comprendre ce qui l’amène auprès de nous. Différentes sphères sont à investiguer et à questionner, selon les spécialités. Mais pour le psychologue, la sphère sociale/familiale, la sphère affective, la sphère professionnelle, et la sphère cognitive sont un minimum (presque exhaustif). Même si tout n’est pas investigué avec la même profondeur, aucune de ces sphères n’est à négliger.

Prendre en charge la souffrance

L’objectif premier de la psychologie clinique étant de prendre en charge la souffrance d’un individu, dans le cadre d’une maladie mentale ou non, il est primordial de comprendre la provenance et l’étendue de cette souffrance. Sur quoi elle repose, quelle est son ancienneté, comment elle évolue, comment elle est vécue…

Toutes ces informations doivent être mises à jour via l’entretien clinique. Mais ce n’est pas le seul but de l’entretien. Parfois, voire souvent, se pose la question de la présence d’une maladie mentale chez l’individu, il est donc nécessaire de comprendre son fonctionnement mental à différents niveaux, au travers de ses interactions avec autrui, au travers de son fonctionnement affectif/émotionnel, et de son fonctionnement cognitif. C’est pourquoi, suite à l’entretien, le psychologue emploie des outils standardisés pour objectiver ce fonctionnement mental, de sorte que la symptomatologie mise en évidence lors de l’entretien ne se limite pas à un avis subjectif.

L’anamnèse

Un point-clé de l’entretien clinique est le recueil de l’anamnèse. Il s’agit de l’histoire de la maladie, ou de la souffrance de l’individu, bref toute l’épopée de ses symptômes de leurs débuts jusqu’à la consultation, décrite par le patient, avec ses mots, ses émotions. On ne se cantonne pas à l’histoire en tant que telle mais aussi à la façon dont elle est vécue. A histoire et maladies égales, le ressenti de la personne ne sera jamais le même. C’est d’ailleurs en cela que tout individu peut éprouver le sentiment de ne jamais pouvoir être totalement compris. Ce qui est parfaitement légitime, car tout aussi empathique que l’on puisse être, nous ne pouvons au mieux qu’imaginer ce que nos patients ressentent.

La relation de confiance

Un autre élément primordial vient de me faire « tilte », honte à moi, mais ces échanges avec le patient, pour qu’ils soient constructifs et instructifs, nécessitent de construire et d’entretenir une relation de confiance patient-psychologue. Sans cette confiance, tout entretien, toute évaluation, toute prise en charge est en grande partie vaine… Ne perdez donc jamais de vue cet objectif-là.

L’évaluation

Pour rentrer un chouïa dans le détail, par l’entretien clinique, le psychologue commence à évaluer les fonctions mentales du patient, comme l’adaptation sociale, le langage, la mémoire, les fonctions émotionnelles, comme la régulation des émotions, la motivation, l’estime de soi, les envies, les fonctions exécutives via la flexibilité, l’organisation, et les capacités de planification du patient, le jugement, etc.

Tous ces indices ont leur importance pour comprendre les sphères touchées par la souffrance du patient, ou inversement quel est l’impact de ces sphères sur la souffrance du patient. Ainsi se pose la question de l’origine de cette souffrance : est-elle environnementale, cérébrale, génétique, développementale ?

Je balance ici et là des questions et des idées en lien avec l’entretien clinique mais en soi c’est juste impossible de faire un article court et détaillé à la fois sur cette notion. Peut-être en reparlerais-je ultérieurement avec plus d’approfondissement, selon ma motivation et ce qui intéressera les lecteurs… Mais en attendant il y a d’autres articles à venir 😉 les psychodingues ne manquent pas d’inspiration grâce aux lecteurs passionnés de psychologie ! Le champ des possibles est infini !

 

L’ENTRETIEN CLINIQUE EN NEUROPSYCHOLOGIE

Rappel de définition du cadre de la neuropsychologie

Je termine juste en parlant un peu de ce que je connais le mieux à savoir l’entretien clinique dans le cadre de la neuropsychologie. Pour rappel la neuropsychologie est l’étude scientifique des liens entre les fonctions mentales supérieures et les dysfonctionnements cérébraux.

En pratique il s’agit d’une spécialité de la psychologie clinique, tout comme la psychopathologie. Toutefois dans le langage des professionnels et des étudiants, et même des professeurs d’universités, la psychopathologie et la psychologie clinique sont confondues, ainsi il y a une scission créée entre la psychologie clinique/psychopathologie d’une part et la neuropsychologie d’autre part.

Pourtant la clinique se définit comme le fait d’être au chevet du patient, or les neuropsychologues travaillent avec des patients tout comme les praticiens de la psychopathologie, les deux professions découlent donc de la psychologie clinique.

Dans le cadre de la neuropsychologie, l’entretien investigue généralement les éléments suivants :

  • le développement de l’enfant (acquisitions pré-scolaires, relations amicales et familiales),
  • le déroulement de la période pré- et péri-natale,
  • la scolarité, afin de tenir compte des pistes neurodéveloppementales des symptômes,
  • les antécédents familiaux et personnels, psychiatriques, neurologiques notamment,
  • les difficultés actuelles, leur ancienneté, leurs manifestations au quotidien,
  • les stratégies mises en place par l’individu pour les compenser (pouvant permettre de comprendre davantage les fonctions mentales préservées par le patient).

Bien évidemment nous passons en revue les éventuelles consommations pouvant avoir un impact sur le fonctionnement cérébral (médicaments, drogues, alcool…). C’est d’ailleurs là que peut jouer un grand rôle de la confiance dans la relation ; tout patient n’acceptera pas toujours de se dévoiler si facilement.

Aussi, seront interrogés tout événement notable de la vie de l’individu, les événements qui paraissent anormaux, traumatogènes, que ce soit dans le cadre de la scolarité, du travail, de la famille… Les lésions cérébrales directes ne sont pas les seules responsables de troubles cognitifs, émotionnels et comportementaux. C’est pourquoi les orientations de l’entretien clinique sont multiples et diffèrent aussi selon l’âge du patient.

Tout cela est vraiment très résumé, très bref, il y a surement d’ailleurs des oublis très important et je m’en excuse d’avance, mais là il est presque 23h30 et je fatigue un peu (ça me fait penser que le sommeil est aussi fréquemment questionné car très important pour le bon fonctionnement cérébral !!). Comme quoi la rédaction d’un article c’est comme un examen, mieux vaut rester jusqu’au bout au cas où une idée ou une notion du cours nous revienne en tête 😊.

Sur ce je vous remercie de m’avoir lu jusque-là, j’espère que tout cela vous plaît, et que la suite vous plaira aussi ! Je vous dis à bientôt et vous souhaite une bonne reprise.

Ciao les bébés-psys !

Lucas Ronat

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Lucas Ronat

Lucas Ronat

Psychologue clinicien spécialisé en Neuropsychologie, Diplômé d'un Master Recherche en Neurosciences, spécialité Neurobiologie, Neurophysiologie, Neuropathologie à l'Aix-Marseille Université. Je travaille sur les troubles du comportement dans les maladies neurodégénératives, notamment la Dégénérescence Lobaire FrontoTemporale comportementale. Si vous avez des questions sur la psychologie en général, les neurosciences, la psychopathologie ou la neuropsychologie, entre autres, n'hésitez pas à me contacter sur mon adresse mail. Généralement je réponds dans la journée ;)

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