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Hello les bébés-psys ! (Quand je pense qu’il y a 3 ans c’était mon maître de stage qui m’appelait ainsi 😉

Je dois vous avouer une chose ; le titre de base qui avait été proposé lorsque j’ai écrit cet article pour un magazine étudiant était « Sexe (et un peu d’amour) » parce que notre rédacteur en chef était un petit coquin qui n’avait pas encore dépassé l’œdipe et l’acceptation de la triade familiale (Oui je me moque encore une foi des psychanalystes et ce ne sera pas la dernière :p ).

Toujours est-il que j’ai fait ce choix de modification pour mettre en avant l’amour par rapport à la sexualité puisqu’en psychologie, le désir, les pulsions, le plaisir, le système cérébral de la récompense, sont LARGEMENT abordés.

Par contre l’amour, qu’est-ce donc ? Chacun en a sa petite idée mais personne ne saurait réellement le définir, psy ou pas psy. Dans le présent article, je vais donc vous proposer quelques notions expliquant partiellement le phénomène de l’amour.

Bien entendu, je n’invente pas tout ! Les informations proviennent d’articles scientifiques ou d’articles de revues scientifiques donc s’il vous plaît ne faites pas comme une partie de la population à vouloir contrer les démonstrations scientifiques par un vulgaire « Je suis pas d’accord parce que moi je pense que… ».

Si vous pensez c’est très bien, mais là on est au-delà du registre de la simple opinion de base ; comme disait je ne sais plus qui je ne sais plus quand (Cherchez vous-même ça vous occupera 😛) « Les opinions c’est comme les trous du cul tout le monde en a un » et comme je dis moi-même bien souvent « Avoir une opinion c’est bien mais ce n’est pas suffisant ; il ne faut pas oublier qu’elle peut être bonne ou mauvaise ».

 

L’amour : réseaux cérébraux et neurotransmission (Francesco et Cervone, 2014)

L’origine biologique de l’amour

La complexité du sentiment amoureux, ou même des émotions en général, laisse aisément penser à la population tout venante qu’il s’agit d’un phénomène de l’esprit, d’une processus purement « psychologique » voire spirituel, ou encore que l’amour n’existe pas en soi et qu’il s’agit plutôt d’une invention religieuse permettant de maintenir le couple dans une monogamie (je spécule je spécule…).

Toujours est-il que dans le fond, les émotions, sentiments et l’amour résultent bel et bien de processus physiologiques et neuronaux, moyennant certaines circonstances environnementales bien évidemment puisque l’on ne tombe pas amoureux pour rien ni de rien.

Parmi les explications biologiques de l’amour, ou même du romantisme, elles touchent aux domaines de la neuroanatomie, de la neurotransmission et de l’endocrinologie entre autres. D’un point de vue endocrinologique, divers facteurs impliqués dans la perception des indices sociaux du plaisir lié à une récompense interagissent.

Parmi ces facteurs on retrouve l’ocytocine, la vasopressine, la dopamine, la sérotonine, le cortisol et d’autres hormones telles que la testostérone. Certains de ces facteurs interviennent aussi dans le cadre du désir sexuel qui sera abordé ultérieurement. Plus particulièrement, l’activation des neuropeptides et des récepteurs à la dopamine dans les centres cérébraux de la récompense a été observée au cours d’élaboration de préférences partenariales (Lieberwirth et Wang, 2014).

 

Les zones cérébrales de l’amour

Outre les neurotransmetteurs et les neurohormones, leur lieu d’action n’est pas anodin puisqu’il implique le noyau accumbens, l’aire tegmentale ventrale, le noyau paraventriculaire de l’hypothalamus, et le cortex préfrontal. Ces régions étant impliquées dans les expériences de récompense et de reconnaissances de relations individuelles. De manière générale, les aires dopaminergiques sont un composant essentiel des réseaux constituant le « cerveau social ».

On peut d’ailleurs retrouver des similitudes entre les activités dopaminergiques voire sérotoninergiques au cours des stades précoces de l’amour avec certaines pathologies comme la dépression, les troubles anxieux et les troubles obsessionnels compulsifs ; difficultés à se concentrer, altération du sommeil et de l’appétit, pensées obsédantes etc… (de Boer et al, 2012).

Il y aurait énormément d’autres choses à dire sur les fondements neurobiologiques de l’amour, c’est pourquoi je vous invite, si vous êtes intéressés, à vous plonger dans les quelques références citées à la toute fin de l’article.

 

Neurobiologie du désir sexuel (Kim et al, 2013)

 

Le désir sexuel est intimement lié à la motivation sexuelle. Cependant, au vu de la complexité sans nom que représentent ces notions d’un point de vue fonctionnel, je ne citerais que quelques grandes lignes des bases neuronales et vous laisse le soin de creuser plus loin dans les 28 pages de l’article source de Kim et al (2013).

En bref, le désir sexuel est issu d’interactions entre les régions sensorielles tactiles et spatiales (nerf trigéminal, ganglion trigéminal, pont du tronc cérébral, thalamus, cortex somatosensoriel, pariétal inférieur), mnésiques (hippocampe), affectives (amygdale, hypothalamus) et végétatives (systèmes ortho et parasympathique).

En effet, le désir sexuel se doit de porter sur un élément qui nous attire et qui nous apporte un certain effet rien que par la représentation tactile que l’on en a ainsi que par les associations affectives que l’on a pu générer avec l’objet en question (objet au sens symbolique donc il ne s’agit pas forcément d’un objet au sens propre).

L’implication des régions végétatives est primordiale car elles permettent les réactions du corps face à ces situations telles que l’accélération du rythme cardiaque, la vasodilatation des artères, la sudation, l’accélération de la respiration, la sécrétion d’endorphines et de neurotransmetteurs (dopamine +++ !!), mais aussi l’érection, les sécrétions vaginales et leurs contractions lors de l’orgasme permettant d’aller au bout des choses (avouez que si vous avez un bug sympathique vous seriez bien emmerdés pour le coup…).

Tout ça pour dire que le sujet est vaste et qu’un livre entier ne suffirait pas à tout expliquer. En tout cas j’espère ne pas vous avoir endormi pour le moment parce que là on enchaîne avec un désir sexuel bien particulier ; le sadomasochisme !

 

Cas particulier de la pratique du « Bondage, Discipline, Sadism and Masochism (BDSM) » (Linden, 2015)

Le plaisir dans la douleur

Qui n’a jamais entendu parler de ces pratiques telles que le sadisme et le masochisme, des déviances sexuelles pouvant se considérer comme des paraphilies (Cf. Cours psychopathologie des troubles psychosexuels, DSM-V) qui sont des troubles des désirs au sein desquels les désirs sont envahissants et plus ou moins déviants.

Je ne rentre pas dans le détail mais parmi elles, on retrouve le S-M, les fétichismes, le travestisme, la zoophilie, la scatophilie et j’en passe. Pour la petite anecdote, jusqu’au DSM-III, les paraphilies comprenaient aussi…l’homosexualité ! Pas de réclamations acceptées, allez tirer les oreilles aux américains d’avoir osé ! (Voilà une idée d’un article futur ; l’homosexualité ou l’orientation sexuelle ;).

Le BDSM est relativement connu par les femmes entre autres par le biais de « 50 shades of Grey » et par les hommes pour d’autres raisons (inutile de supprimer vos historiques vous êtes grillés de toute façon haha). S’il sera assez avéré par beaucoup qu’un peu de douleur dans l’acte sexuel, ça ne fait pas de mal, dites-vous bien que l’on se retrouve dans une petite démonstration de la continuité existant entre le normal et le pathologique.

Ce désir de la douleur poussé à son extrême donne lieu au sadomasochisme ; dans le cadre de la paraphilie, la douleur de soi (pour le maso) ou de l’autre (pour le sado) est la condition sine qua non pour entretenir le plaisir sexuel dans bien des cas, c’est en cela qu’il s’agit d’un symptôme envahissant. Ainsi les symptômes sont bien souvent des comportements normaux poussés à leur extrême.

 

L’effet de la dopamine

Si la douleur en tant que telle parait l’opposé du plaisir, on voit là que ce n’est pas si simple que ça. Lors de diverses activités telles que le fait de manger lorsque l’on a faim, boire de l’alcool, avoir un orgasme, l’activité électrique d’une aire cérébrale appelée l’aire tegmentale ventrale va permettre au noyau accumbens de sécréter un neurotransmetteur ; la dopamine. C’est ce neurotransmetteur qui génère la sensation de plaisir.

Cependant, lors d’activités douloureuses physiquement voire émotionnellement, le cerveau produit non seulement de la dopamine mais aussi des endorphines pour limiter la sensation de douleur. Il s’agit là d’un moyen inné de restreindre les accès de douleurs.

L’effet de la dopamine dépend, comme tous les neurotransmetteurs, du type de récepteur membranaire post-synaptique sur lequel il se fixe. Certaines personnes possèdent des variantes génétiques de ces récepteurs ; dans le cas du sadomasochisme, ces récepteurs mutés sont impliqués dans la prise de risque, et incitent donc à revivre la sensation de douleur. De plus, le contexte sexuel fait une grande part des choses.

Pour celles et ceux qui ne connaissent pas c’est cadeau :

« Dans un asile psychiatrique, un masochiste, un zoophile, un sadique, un assassin, un nécrophile et un pyromane s’ennuient sec. Le zoophile dit :
– Et si on enculait le chat ?
Alors le sadique répond :
– Oh oui, enculons le chat, et après on le torture !
L’assassin reprend :
– C’est ça, enculons le chat, torturons le et ensuite on le crève !
Alors le nécrophile ajoute :
– Ah ouais, cool, on va enculer le chat, le torturer, le crever, et le réenculer !
Le pyromane enchaîne :
– Ouaiiiiiiis ! Enculons le chat, torturons-le, tuons-le, réenculons-le, et ensuite on lui fout le feu !
Le silence se fait, tout le monde regarde le masochiste et lui demande :
– Ben et toi, tu ne dis rien ?
Et le maso répond :
– ‘ Miaou ‘ »

L’orgasme féminin (Non ce n’est pas une légende 😉 (Deeg et Koh, 2016)

Neuroanatomie de l’orgasme féminin

Dans le numéro de la revue « Cerveau & Psycho » paru en Juillet-Aout 2016, un petit article fut rédigé sur les différentes étapes de l’orgasme féminin et les différentes régions cérébrales qui s’y impliquent. Afin d’éviter de trop plagier, je vous propose une brève synthèse de cet article et plus particulièrement de la neuroanatomie de l’orgasme.

De nombreuses régions sont impliquées, et pas seulement des cortex somesthésiques ou des noyaux des émotions tels que les amygdales. Parmi ces aires ont été retrouvées l’insula, le cortex orbitofrontal, préfrontal dorsomédian, somatosensoriel, pariétal inférieur, l’hypophyse, l’hypothalamus, le noyau accumbens, l’amygdale, le pôle temporal et le gyrus temporal inférieur.

 

Mais comment ça marche ?

En bref, le cortex somatosensoriel et les aires pariétales inférieures jouent un rôle dans l’excitation et l’augmentation du plaisir, le noyau accumbens, l’hypothalamus, l’insula et l’hypophyse sont impliquées dans la phase montante de l’orgasme, alors que les aires préfrontales dorsomédianes et orbitofrontales, l’amygdale et les aires temporales antérieures et inférieures sont impliquées dans la phase descendante de l’orgasme.

D’un point de vue plus fonctionnel, l’insula et le cortex sensoriel permettent de percevoir les sensations corporelles. De son côté l’hypothalamus sécrète l’ocytocine, la neurohormone du plaisir et des relations sociales. Le plaisir intense en tant que tel prend cependant naissance dans le tronc cérébral par le biais de fortes sécrétions de dopamine.

De manière très intéressante, il est précisé que chez les femmes, à l’inverse des hommes, certaines régions cérébrales sont littéralement éteintes pendant un certain temps (phase d’excitation et phase montante de l’orgasme) comme les régions préfrontales dorsomédianes et orbitofrontales respectivement impliquées dans les sentiments moraux et le contrôle de soi ; comme s’il était nécessaire de supprimer toute inhibition pour atteindre un seuil d’excitation nécessaire à l’orgasme. Lors de la phase descendante de l’orgasme, le taux de dopamine et de prolactine génère une rétroaction bloquant la sécrétion de dopamine, laissant place à un sentiment de satiété et de satisfaction.

Bien entendu, il s’agit là d’un fonctionnement cérébral classique possible chez une majorité de femmes, mais dans la réalité, c’est bien plus compliqué puisqu’il faut tenir compte du contexte de l’acte sexuel et de la complémentarité existant entre les deux protagonistes.

Bon, j’en ai déjà bien trop dit alors je m’arrête là. J’espère vous avoir appris des choses intéressantes et donner l’envie d’en savoir plus sur le sujet 😉 Merci de m’avoir lu et à bientôt. Ciao les bébés-psys !

 

Références :
de Boer A, van Buel EM, Ter Horst GJ (2014). Love is more than just a kiss: a neurobiological perspective on love and affection. Neuroscience 2012; 201:114-24.
Deeg et Koh (2016). Les étapes de l’orgasme féminin. Cerveau & Psycho. Juillet-Aout 2016.
Franza Francesco & Alba Cervone (2014). Neurobiology of love. Psychiatria Danubina, 2014; Vol. 26, Suppl. 1, pp 266–268
Kim SW et al. (2013). Neurobiology of sexual desire. NeuroQuantology, Vol.11 (2) pp 332-359.
Lieberwirth C & Wang Z (2014). Social bonding: regulation by neuropeptides. Front Neurosci; 24;8:171.

Pour approfondir :

Psychology Today

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Lucas Ronat

Lucas Ronat

Psychologue clinicien spécialisé en Neuropsychologie, Diplômé d'un Master Recherche en Neurosciences, spécialité Neurobiologie, Neurophysiologie, Neuropathologie à l'Aix-Marseille Université. Je travaille sur les troubles du comportement dans les maladies neurodégénératives, notamment la Dégénérescence Lobaire FrontoTemporale comportementale. Si vous avez des questions sur la psychologie en général, les neurosciences, la psychopathologie ou la neuropsychologie, entre autres, n'hésitez pas à me contacter sur mon adresse mail. Généralement je réponds dans la journée ;)

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